Un passage.
Je suis loin de tout ce qui a pu se passer ici et dans ma tête à une époque (oui, juste dans ma tête, quel grand pas en avant j'ai fait en réalisant cela). Des mois ont filé, difficiles, gris et longs. J'ai été entouré, comme un petit oiseau tombé du nid. J'ai apprécié au départ ces attentions pour moi mais très vite c'est devenu étouffant. Il y a eu Emmanuelle, jeune femme d'une trentaine d'années qui est tombée par hasard dans ma vie à ce moment là. Elle m'a trouvé beau mais surtout fragile. Elle a partagé presque six mois de ma vie. Quand j'ai été plus fort, elle est partie. C'est jouer les petites mères qui l'intéressait, elle voulait le pouvoir et je commençais à reprendre ma vie en main.
Si je suis de passage ici, c'est parce qu'un rêve est venu cette nuit me rappeler l'éxistence de cette période de ma vie. Mon accident l'a refermée brutalement, je n'ai pas eu d'autre choix à ce moment que de m'accrocher à ma vie et non à des futilités. Ce n'est que par pointillés qu'elle est venue faire signe à mes pensées. Quand j'ai pu retourner dans ce train, plusieurs mois plus tard, elle n'y était plus. Et quand je repense à ces mois d'observation et de délires, je me dis que ce n'était pas moi, que j'étais presque fou, que peut-être même elle n'avait jamais existé. La couleur de ses cheveux, les arabesques que faisaient ses mains : et si tout cela n'était que mon imagination ?
Dans mon rêve de cette nuit. Je la voyais de dos dans la rue, je reconnaissais immédiatement sa démarche. Je la suivais mais elle marchait vite. Je finissais par la rattraper pour lui avouer tout, enfin, et au moment où je posais ma main sur son épaule, elle explosait et disparaissait comme une bulle de savon.