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Train-train.

Train-train.
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16 février 2008

Analepse.

Il y a eu Jeanne dans ma vie. L'espace de quelques mois, une vie. Comme si elle venait répondre à tout ce que je demandais, dans l'automne en point d'interrogation. Un jour dans une bibliothèque, elle était là, avec une jupe droite, un sac de courses au bout de la main gauche, des cheveux trop blonds. Elle m'a sourit parce que je la regardais trop. Elle aurait pu partir au contraire. Un samedi après-midi, c'est là que tout a commencé. On a poursuivi le sourire devant une tasse de café et elle a occupé ma vie pendant quatre mois. Depuis quelques semaines, elle est repartie. Parce que j'ai réalisé que ce trop plein de perfection, ça n'était pas ce que je cherchais. Tout était trop lisse entre nous, trop propre. Elle gommait mes défauts, elle souriait trop. Je cherchais en elle un apaisement après des mois de doutes. Je n'ai trouvé que de l'ennui.

Et le 4 février, devant la gare de ma ville où je passais après une journée creuse, j'ai vu  celle qui a occupé mes pensées, celle que j'avais voulu gommer après l'accident, celle que j'ai même cru avoir rêvée. Elle était là, Tia, seule et identique. Comme tous les matins il y a des années.

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27 septembre 2007

Demain.

La pluie, les saisons, un rayon de soleil, se lever le matin, partir travailler, écrire au tableau, la sonnerie, la cantine, parler, pour ne rien dire, demain toujours, pareil, monter le ton, sans trop y croire, contrôler, corriger, les politesses, faire les courses, manger sans faim, parce que c'est comme ça, marcher dans la rue, ne regarder personne, écrire.


Je veux donner plus de force à chaque instant.

21 septembre 2007

Encore un retour.

Des mois que je ne suis pas venu ici. Mes derniers écrits n'étaient que des pointillés et je suis étonné d'avoir toujours un accès valide, que ça n'ait pas été fermé automatiquement par manque de passage. J'ai envie de revenir. Il m'aura fallu du temps. Toute une période durant laquelle je n'avais plus de mots à mettre sur ma vie. Une période creuse et silencieuse où j'avais besoin de me retrouver. Je viens de passer une bonne heure à me replonger dans mes écrits d'alors, cette parenthèse de ma vie à la fois sombre et colorée que j'avais eu envie de retranscrire ici, comme pour donner un souffle à ce qui semblait irréel, comme pour ne pas être seul à vivre ça dans ma tête, comme pour donner corps à ce qui aurait pu tourner à la folie si...

Si je n'avais pas eu cet accident sans doute. Le destin cruel a voulu que, pour revenir à la raison, une voiture me brise les deux jambes. Et brise par la même occasion mes préoccupations, mes obsessions du moment. Retour sur terre. Sur un sol qui ne voulait plus de moi. Plus possible de marcher pendant si longtemps et même lorsque cette capacité m'est revenue, elle n'était que douleur.

Aujourd'hui, le sombre comme le coloré de cette période sont bien loin. J'ai retrouvé une vie saine et cela ne rime pas forcément avec monotonie. Ces incidents m'ont ouvert les yeux, j'ai besoin de vivre chaque seconde avec un feu qui me brûle le ventre, une joie puissante qui m'anime et me donne l'envie d'avancer. Et je n'ai pas pour autant tiré un trait sur les fantômes du passé...

2 avril 2006

Un passage.

Je suis loin de tout ce qui a pu se passer ici et dans ma tête à une époque (oui, juste dans ma tête, quel grand pas en avant j'ai fait en réalisant cela). Des mois ont filé, difficiles, gris et longs. J'ai été entouré, comme un petit oiseau tombé du nid. J'ai apprécié au départ ces attentions pour moi mais très vite c'est devenu étouffant. Il y a eu Emmanuelle, jeune femme d'une trentaine d'années qui est tombée par hasard dans ma vie à ce moment là. Elle m'a trouvé beau mais surtout fragile. Elle a partagé presque six mois de ma vie. Quand j'ai été plus fort, elle est partie. C'est jouer les petites mères qui l'intéressait, elle voulait le pouvoir et je commençais à reprendre ma vie en main.

Si je suis de passage ici, c'est parce qu'un rêve est venu cette nuit me rappeler l'éxistence de cette période de ma vie. Mon accident l'a refermée brutalement, je n'ai pas eu d'autre choix à ce moment que de m'accrocher à ma vie et non à des futilités. Ce n'est que par pointillés qu'elle est venue faire signe à mes pensées. Quand j'ai pu retourner dans ce train, plusieurs mois plus tard, elle n'y était plus. Et quand je repense à ces mois d'observation et de délires, je me dis que ce n'était pas moi, que j'étais presque fou, que peut-être même elle n'avait jamais existé. La couleur de ses cheveux, les arabesques que faisaient ses mains : et si tout cela n'était que mon imagination ?

Dans mon rêve de cette nuit. Je la voyais de dos dans la rue, je reconnaissais immédiatement sa démarche. Je la suivais mais elle marchait vite. Je finissais par la rattraper pour lui avouer tout, enfin, et au moment où je posais ma main sur son épaule, elle explosait et disparaissait comme une bulle de savon.

4 décembre 2005

Plus tard.

Le temps a passé, je retourne au lycée et j'en suis heureux. Je ne maîtrise que très mal le temps qui passe depuis l'accident. Certaines choses ne semblent plus à leur place. Il y a toujours une crainte qui plane au-dessus de moi. Je ne sais la définir. La solitude qui m'était agréable avant se fait difficile. Je passe beaucoup de temps chez Victor et sa femme, mes voisins qui sont devenus comme une seconde famille. Ils ont eu peur pour moi.

Et je suis remonté dans le train. La rentrée était passé depuis longtemps, les mois avaient filé. Elle n'était pas là. Plusieurs jours de suite j'ai espéré la revoir. Bien sur, j'avais ses coordonnées, mais je n'ai pas voulu faire le pas, j'ai voulu me reconstruire avant. Plusieurs fois aussi j'ai repensé à mon mot dans son porte-feuille, je me suis demandé ce qu'il avait bien pu devenir, quelles questions elle avait pu se poser. J'ai voulu garder ce silence en moi. A chaque fois que je repense à cette époque, c'est une douceur en moi, même si ce ne fut qu'observation et attente.

Je reprends possession de ce blog. Je reprends place dans ma vie, doucement, douloureusement, calmement, différemment.

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4 juin 2005

Je peux écrire.

Le 13 mai, un vendredi, je quittais le lycée où je travaille, avec des papillons dans le coeur (elle m'avait vu) et des paquets de copies dans les bras (trois examens dans la journée){Zeugma}. Je me rendais vers la gare de C. pour y prendre le dernier train de la semaine, beaucoup auraient eu en eux le soulagement de cette semaine de travail qui s'achève, la jubilation d'être en week-end. Bien sur, moi, j'avais le petit pincement du vendredi soir. Il me fallait attendre deux jours pour la revoir. Puis mes week-ends sont si creux qu'ils ne provoquent en moi aucune euphorie. J'avais fait quelques pas en dehors de la cour du lycée. Quelques pas qui m'avaient déposé sur la route que j'étais en train de traverser. Dans ma tête, ses yeux. Ses yeux toujours au moment où cette voiture a percuté de plein fouet mes jambes. Je les ai senties se plier, mais je n'ai senti que ça. Se plier, mais pas dans le sens normal. La dernière image floue devant mes yeux ce jour là, c'est cet attroupement autour de moi, les yeux d'Odette pleins de larmes et d'horreur, ma tête qui roule sur le côté et voit sur plusieurs dizaines de mètres des copies, feuilles blanches qui roulent sur le bitume.

Quelques heures plus tard, je me suis réveillé. Deux jambes blanches et énormes suspendues au-dessus de moi: les miennes, ridicules. Une douleur au crâne comme jamais, qui me permet à peine d'ouvrir les yeux. Près de moi, Odette et Victor qui chuchotent. Elle parle de mes parents. Ses traits sont tirés. J'ai compris très lentement ce qui s'était passé, j'ai cummulé les indices au fur et à mesure. Aucun souvenir des détails. Il paraît que j'étais sur le passage piéton quand ce type avec sa BM est arrivée dans le virage. Il se trouve que comme c'est une priorité à droite, Monsieur se sentait très prioritaire et n'a pas jugé utile de ralentir, pas même pour le pauvre con qui marchait sur les bandes blanches quelques mètres plus loin. Un groupe d'élèves qui fumait des clopes devant le bahut a vu la scène. Ils ont vu l'arrivée du type, que moi je n'ai pas eu le temps de voir. D'après eux, ses pneus ont crissé dans le virage tellement il allait vite. Certains d'entre eux n'ont pu dormir pendant plusieurs jours en pensant à la force de l'impact et à la façon dont mon corps s'est plié (dixit Odette bien plus tard).

Je suis resté plusieurs semaines sur ce lit d'hôpital, amorphe car bourré de médocs, avec cette crainte que peut-être je ne marcherais plus comme avant. Je suis rentré hier. Il faut que je ré-apprenne à marcher, il faut que je range ma tête aussi que je revois mes priorités.

13 mai 2005

Du progrès.

Elle n'a pas été là, pendant plusieurs jours. Elle est revenue hier. Quatre jours sans la voir. Quand elle est revenue, elle était différente. je me disais qu'elle semblait de plus en plus triste et hier, je l'ai trouvée rayonnante. Puis comme un miracle (à mon échelle, compte tenu des mois de patience et d'observation, ça tenait du miracle), ses yeux lentement se sont levés dans ma direction. J'ai cru d'abord à un nouveau mirage (souvent déjà, à force de la fixer, j'ai imaginé ses yeux se poser sur moi, il n'en a jamais rien été). Là, oui, elle me regardait bien. Et je me retrouvais comme un con, prisonnier de mon petit jeu, sans trop savoir si je devais lui sourire ou esquiver ce regard... Je ne sais pas ce qui s'est passé en fait. J'ai paniqué et je ne sais pas ce que cette panique a pu donner, visuellement sur mon visage: un sourire crispé de gars constipé ou un visage fermé et antipathique? Dans les deux cas, ça ne joue pas vraiment en ma faveur, mais le principal est que je n'aie pas détourné le regard. Pour que s'opère un tel changement d'attitude, elle a du trouver mon mot. Elle doit être à la recherche de son auteur. Je suis là, et elle m'a vu: le plus dur est fait.

7 mai 2005

Mais toujours rien.

Rien. Trois jours que je ne l'ai pas vue. Mais elle est toujours là. Belle, triste, mystérieuse, lointaine. Je crois que je pourrais me poster devant elle et qu'elle ne me verrait pas. Parfois elle semblait aller mieux, mais les derniers jours son regard est si loin qu'on a envie d'aller la secourir. Je ne me cache plus. Je ne sais pas si elle a trouvé mon mot. Si c'est le cas, je veux qu'elle puisse me voir.

7 mai 2005

Les mots sur la feuille jaunie.

 

Dans mon esprit
Et cloué dans mes talons
Tout le temps
Tuant mes sentiments
Et tout ce que je touche se transforme en pierre
Je suis fondu
Juste au cas où j'explose
Je suis plein de colle
Juste au cas où je me brise
Et tout ce que je touche se transforme en pierre
Tout ce que je touche se transforme en pierre.

Je retrouve ces paroles en anglais sur l'album  Pablo Honey de Radiohead

29 avril 2005

Petit papier carré.

Seize mots:
Depuis trop longtemps, je te vois, tu es là, regarde-moi, je ne suis pas loin.

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