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Train-train.
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13 novembre 2004

Tellement plus.

           J'ai eu le son de sa voix hier matin (puis tellement plus). Alors qu'elle était blottie comme à son habitude sur son siège, les écouteurs de son baladeur enfoncés dans ses oreilles, je l'ai vu sursauter. Elle s'est agitée, a fouillé ses poches pu en a sorti son téléphone. Elle a répondu à voix très basse, pour ne pas déranger les gens du wagon. Je n'ai pas bien compris ce qu'elle disait. Elle avait l'air d'hésiter, puis elle a salué une certaine Mathilde.

Le message m'importait peu. C'était le son de sa voix que j'ai voulu capter. Une voix enrouée, grésillante, mais chaude et délivrant comme une maturité qu'on ne retrouve pas forcément sur son visage et dans ses gestes. Puis bien entendu, comme à chaque fois que je suis dans le même wagon qu'elle, je me retrouve pétrifié et incapable de faire le moindre pas vers elle.

Une idée m'est alors venue. Elle m'avait déjà effleuré l'esprit, mais je n'avais jamais osé la réaliser. Hier matin, je commençais les cours à onze heures (une classe en sortie pédagogique avec le prof de français). L'idée de me retrouver à errer dans les couloirs du lycée et dans la sinistre salle des profs me décida dans mon choix. Je ne suis pas descendu à mon arrêt. J'ai voulu savoir où elle allait. Où elle se rendait chaque jour. La voir bouger autrement, la voir marcher, savoir quelle est sa vie, son métier... Soudain, alors que les portes du train se refermaient sur mon arrêt, j'ai été pris d'une excitation de gosse. Je savais que j'allais en découvrir plus, forcément...

Elle est descendue à l'arrêt suivant. Elle avait donc à peu de choses près le même temps de trajet que moi. Je me suis éclipsé derrière elle, prenant un air détaché et espérant que ma présence ne serait pas suspecte. Heureusement, beaucoup de monde circulait dans cette gare. Je me faufilais derrière elle. Je regardais des journaux dans le hall pendant qu'elle s'achetait un petit pain. Encore le son de sa voix, de loin. Elle sort de la gare. Se dirige vers le centre ville, je la suis en essayant de garder cet air insouciant et parfaitement normal. Sa démarche était souple, détendue, mais elle semblait toujours terriblement hermétique au monde extérieur. Elle ne regarde rien, semble être en pilote automatique. Elle suit un trajet quotidien, ne s'arrête pas, allant droit à son but. Elle est arrivée après cinq minutes de marche devant une bibliothèque, bâtiment ancien, jardin soigné, au beau milieu du centre de la ville. Elle est entrée. La lourde porte de bois s'est refermée derrière elle et, par prudence, je ne me suis pas arrêté pour ne pas éveiller les soupçons d'un éventuel observateur. Je suis retourné, d'un pas joyeux et décidé vers la gare, avec tellement plus de données sur cette personne qui occupe mes journées. Me sentais comme un crétin de quinze ans, amoureux, le coeur au vent... Tellement ridicule.

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Commentaires
J
Bonjour je voudrais te poser une question<br /> as tu déjà pesnsé à te faire publier?<br /> En toute franchise tu devrais ce récit est tout simplement captivant. J'i hâte de savoir la suite.<br /> Toutes mes amitiés,
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