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Train-train.
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29 décembre 2004

Parlons d'autre chose... Nuit torride.

           Je m'en tiens à mes dires. Je sors. Je suis allé rejoindre quelques amis hier soir pour un dîner. Une collègue qui fêtait ses trente ans. On se vide un peu la tête, on fait comme si de rien n'était, et à vrai dire, on finit par y croire. Mais je ne m'attendais pas à ça... J'ai traversé la ville à pied pour y aller. J'aurais pu appeler Charles qui s'y rendait aussi pour qu'il passe me prendre, mais j'avais envie de marcher, de profiter des lumières de la ville. Ma bouteille sous le bras, mon petit paquet au bout des doigts, j'ai donc pris mon temps dans les ruelles.

Isa habite un immeuble dans le centre. Elle y vit seule depuis des années. Je l'aime bien. Elle est attendrissante, tout comme son histoire qui est tellement triste. Elle enseigne l'anglais dans notre beau lycée. Elle est arrivée un an après moi. Elle était alors pétillante et énergique. Puis un jour, on ne l'a plus vue. Au bout d'une semaine, elle est revenue. On ne savait rien. Elle avait fait établir un arrêt de maladie. Puis elle a réussi à nous dire, après quelques jours de silence total, que son compagnon avait trouvé la mort dans un accident de voiture. Nous avons été très présents pour elle, Charles, Odette et moi, surtout. Nous sommes devenus plus que collègues à cette époque là. On a partagé sa douleur. On a admiré son courage. Petit à petit, au fil des mois, elle a retrouvé la parole, elle a retrouvé le sourire, elle a pu se confier. Mais elle n'a jamais fréquenté d'autre homme. Il est toujours un peu là pour elle.

Pour lui faire plaisir, pour ses trente ans, je lui avais acheté une très bonne bouteille, un livre de Kundera dans lequel j'ai glissé un marque page et une petite lettre, avec des mots que je ne lui ai jamais dit, mais qui comptent vraiment, et deux places pour aller voir ensemble La flûte enchantée. Quand je suis arrivé chez elle, comme j'avais de l'avance, elle m'a demandé un coup de main en cuisine. Isa est un vrai cordon bleu.

Puis ses invités sont arrivés. Ceux que je connais, Odette, Charles et les collègues du lycée. Puis quelques personnes que je n'avais jamais rencontrées. Notamment une amie d'Isa qu'elle ne m'avait jamais présentée et qui porte le doux nom d'Anna. Pulpeuse Anna. Quand Isa m'a présenté à elle, j'ai vu à son sourire en coin qu'il y avait comme une préméditation dans l'air. Anna est une jeune fille blonde, roulée comme une sirène, belle comme un ange et.... Célibataire. J'ai été d'office collé à côté d'elle sur la canapé par la maîtresse de maison. Anna sentait trop le parfum, souriait trop et collait sa cuisse contre la mienne. Mais, oui, elle était très belle. Les hommes présents n'avaient d'yeux que pour elle, et son décolleté laissait voir des taches de rousseurs que j'aurais pu m'amuser à compter tellement elle était proche de moi. Bien entendu, l'oeil noir d'Odette ne m'a pas échappé non plus. Sans aucune prétention, je peux dire qu'Odette est amoureuse de moi depuis des années. Elle n'a pas du tout aimé cette petite mise en scène et encore moins ce qui a suivi. Lorsque nous nous sommes installés autour de la table, Isa a tout fait pour que je m'installe près de son amie (si elle avait pu me mettre sur ses genoux, elle l'aurait fait). Je n'aimais pas ce qu'elle était en train de faire, mais je n'ai rien dit.

 Anna parlait d'elle, beaucoup. Du cours de danse africaine où elle avait connu Isa, de son enfance au Sénégal, de ses études de socio, de sa belle soeur qui avait adopté un petit garçon au Sri Lanka, de ce qu'elle pensait de l'horreur qu'ils devaient vivre là-bas depuis trois jours, de sa façon de meubler son appartement (feng shui), des bienfaits de l'alimentation végétalienne, de la politique intérieure des Etats-Unis, du dernier film de Michael Moore, de ses prochaines vacances en Irlande... Et toute la tablée buvait ses paroles. Même Odette. Et l'idée terrible que j'étais assis à côté de LA Femme Parfaite me traversa l'esprit.

Je me levais pour aider ma douce Isa qui me demandait à chaque fois de me rasseoir. Là où c'est devenu gênant, ces quand son pied est venu se poser sur le mien. J'ai un peu reculé pour voir ce qui se tramait sous la table et j'ai constaté que la demoiselle avait sorti son petit pied délicat de sa chaussure à talon et qu'elle était bien en train de le frotter le long de ma jambe, tout en continuant à déblatérer son point de vue sur tout, sur rien, sur la nouvelle émission d'un tel et sur le prix exorbitant du saut à l'élastique.

Ma mâchoire a du se décrocher et ça n'a pas du échapper à Odette dont le regard noir a commencé à jeter des éclairs à Anna. La soirée a continué, et au dessert, la demoiselle faisait glisser ses doigts entre mes cuisses. J'étais mal à l'aise, vraiment, mais malgré tout, ce petit jeu commençait à m'amuser. C'était tellement flagrant que j'en suis venu à me demander si tout cela n'était pas un gros canular monté par toute la troupe pour me mettre dans une situation délicate. Puis tout le monde avait bu, moi compris. Je ne pouvais rien dire, je serais passé pour un imbécile si personne n'avait été dans la confidence. Alors que je rapportais des assiettes à la cuisine, Isa m'a demandé "elle te plaît?". Je lui ai répondu, que bien entendu Anna était charmante, mais particulièrement entreprenante. Elle a souri, mais n'a pas rajouté un mot. Charles aussi, malgré sa déclaration, me faisait des sourires en coin. Nous nous sommes encore installés au salon, j'ai enfilé quelques whisky pour déjouer les sorts que me jetait cette blonde ensorceleuse. Puis chacun a rejoint son foyer. Je comptais rester pour donner un coup de main à Isa qui se retrouvait avec des piles de vaisselles. Elle a poliment refusé et m'a dit qu'Anna pourrait sans doute me reconduire puisqu'elle habitait à deux pas de chez moi (heureuse coïncidence). Dans l'état où j'étais, je n'avais pas vraiment envie de rentrer à pied, c'est certain, mais l'idée de monter dans la voiture de cette allumeuse ne présageait rien de bon. J'ai accepté, malgré tout.

Elle était garée juste en bas. Elle n'avait pas bu, ou très peu. Elle m'a ouvert ma portière comme l'aurait fait un homme. Elle s'est installée au volant, a mis sa clé dans le contact et a tourné la tête vers moi. "J'espère ne pas m'être montrée trop insistante?". Que répondre à ça. Rien. Après quelques secondes de silence, elle a rajouté," tu dois t'en douter, tu me plais beaucoup". Elle a baissé les yeux sur sa jupe noir et a continué à me parler sans me regarder. "Tu as deux possibilités et c'est toi qui choisis: soit je te dépose chez toi, on se fait la bise et bye bye, soit on passe la nuit ensemble. Je te cache pas que c'est la deuxième solution qui me plaît...". Gloups. Vous auriez fait quoi vous? Comme je ne donnais aucune réponse, elle a démarré et m'a juste dit "tu as le temps du trajet pour te décider". Re-gloups. C'était la première fois que je tombais sur un plan pareil. D'habitude, y'avait toujours moyen de s'éclipser, de négocier ou d'entourlouper, (de mener le jeu en fait)mais là, j'étais coincé, c'était elle qui tenait les ficelles. Lui dire non? Oui, bien sur, c'était possible. Mais quel con aurait pu dire non à une fille aussi jolie qui se donnait ainsi? Bien sur, à ce moment là, c'est à ELLE que je pensais, à ma belle inconnue du train, son image, son visage, ses gestes (toute cette finesse et cette nuance que je ne retrouvais pas) étaient inscrits sur le pare-brise d'Anna, Anna qui roulait, qui traversait les rues de la ville et qui s'approchait de mon appartement et de ma réponse. L'impression que si je disais oui, je marquais une certaine infidélité. Mais non, non, il fallait que je sorte de ce délire et c'en était l'occasion. Elle a garé sa voiture dans notre quartier. Elle habitait effectivement à deux pas de chez moi. Elle m'a à nouveau regardé, avec un sourire croustillant, et j'avoue, je me suis jeté sur elle, avec tout mon alcool dans le sang pour me donner du courage et pour me dire que si, si, c'était une très bonne chose. Alors que j'embrassais sa bouche, fougueusement, et que ses mains s'aventuraient déjà sous mon pull, je pensais à tout ce temps qui s'était écoulé, sans que je n'eusse touché un seul corps de femme, puisque mon esprit vadrouillait dans d'hypothétiques histoires de coeur. Je cherchais à me convaincre que oui, c'était une très bonne chose. Mon désir pour elle a achevé de me décider. Nous somme montés, très vite, dans son appartement qui (du peu que j'ai pu en apercevoir) reflétait parfaitement l'image qu'elle avait donné d'elle toute la soirée: cultivée, propre, dynamique, ouverte. Elle m'a fait basculer sur son canapé et nous n'avons pas mis très longtemps à trouver nos nudités respectives. Nous avons passé la nuit chez elle. Pas fermé l'oeil, sa bouche se promenait sur mon corps dès que je commençais à m'assoupir. Nous avons fait l'amour, encore et encore, avec presque une certaine violence parfois dans nos gestes, comme s'il y avait une urgence, un manque à combler, comme si c'était instinctif. Pas de vulgarité cependant. Je peux le dire ici, à plusieurs reprises cette nuit, alors que je pénétrais Anna, je fermais les yeux et c'est le visage de ma belle inconnue qui se dessinait sous mes paupières et sous mes doigts.

Ce matin, vers sept heures, alors qu'Anna trouvait enfin le sommeil, je me suis glissé hors de son lit, je me suis faufilé dans mes vêtements et j'ai pris la fuite, comme un lâche, comme un beau salaud. Je suis rentré chez moi, j'ai pris une douche, j'ai coupé mon portable, débranché mon téléphone fixe, fermé les volets et je me suis couché. Je viens de me réveiller... Dur réveil...

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Commentaires
A
Eh ben! Comment ne pas se laisser prendre a cette histoire? C'est bien ecrit, subtil et...on a hate de savoir! (lecteurs de blogs, nous sommes tous un peu voyeurs...). Le pire qui puisse arriver c'est un refus. C'est pas agreable, mais on s'en remet tous, comme Charles...Courage!
M
Vous l'avez vue?... Racontez-nous!
A
oui! <br /> Vivement la suite!<br /> Bonne Rentrée? ;)<br /> Alie
C
Elle descend après moi le matin, je l'ai réveillée un mercredi soir, et le soir, c'est moi qui descend après elle, tout logiquement, puisque je monte avant elle le matin... Vous avez suivi?
M
Vous devez être l'un des seuls à attendre impatiemment la reprise! Quel bonheur d'avoir un tel motif d'enthousiasme pour se lever un lundi matin... J'adore ce récit, j'ai l'impression de l'avoir vécu. Continuez, tout en douceur.
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